
Ancien Président du Conseil économique, social et environnemental de la Région Pays de la Loire (de 2010 à 2018), Benoît Cailliau est passé par la banque, l’immobilier, il a même été directeur de la clinique Saint-Augustin à Nantes.
Il est Membre du conseil d’administration de L’Arche le Sénevé à la Haye-Fouassière près de Nantes depuis juin 2009.
Une gouvernance à l’envers
Cela fait 10 ans que je m’interroge sur les CA (conseil d’administration) à L’Arche. C’est que… on fonctionne un peu à l’envers ici : un CA normal définit des orientations que les directeurs mettent en œuvre, mais ici, c’est l’inverse ! Un CA d’une communauté de L’Arche ne tient pas, à lui seul, les orientations stratégiques. La réflexion appartient aux membres de la communauté qui construisent le projet. Le CA le met en œuvre d’un point de vue financier, moral, etc. Un administrateur doit être à l’écoute de la communauté. Il faut avoir les yeux rivés sur le fait qu’on est au service de la personne handicapée.
Ce qu’on vit, à l’intérieur
Quand on m’a proposé d’être président, je me suis dit : « La place de L’Arche est au cœur de la ville : on va déménager la communauté à Nantes. » Si ça ne tenait qu’à moi, on l’aurait déjà fait ! Mais avant ça, il fallait que l’idée devienne vraiment un projet de communauté. Ce processus est nécessaire mais c’est plus lourd et on joue parfois avec la contrainte des opportunités (un terrain, une société d’HLM, …). Je n’ai pas de regret, mais je dirai que c’est plus compliqué à L’Arche qu’ailleurs. La chose la plus étonnante, c’est l’apprivoisement mutuel entre les instances de la communauté et le CA. Cela exige de la part des membres une espèce de conversion : je ne suis pas tout seul.
L’avenir de la ville passe par l’inscription de la fragilité dans son cœur. On veut être au cœur, pas en périphérie.
Une assemblée joyeuse
À L’Arche, en plus de s’entre aider à assumer nos propres fragilités, il y a de la joie et l’amitié. Ma femme Brigitte et moi avons 7 enfants, dont 3, adoptés, qui ont fait toutes les c*** du monde. La fragilité est cachée partout : dans nos familles, dans le handicap, dans les EHPAD avec les personnes âgées.
Aujourd’hui cet engagement nous rend pleinement heureux, Brigitte et moi. Nous avons à L’Arche de très bons amis et c’est précieux. Une fois qu’on y a goûté… Ça nous transforme tous les jours. Un directeur d’une grosse boite, bénévole à L’Arche les jeudis me disait : « Si tu savais comme ça me rend heureux ! »
Au cœur, pas en périphérie !
Madame le Maire m’a demandé « Pourquoi je voulais que L’Arche soit à Nantes ? » - Vous amenez l’université, le coworking, … et nous ? L’avenir de la ville passe par l’inscription de la fragilité dans son cœur. On veut être au cœur, pas en périphérie.
De l’extérieur une communauté, tout comme les grandes familles, peut donner l’impression d’être repliée sur elle-même, alors que ce n’est pas vrai du tout : les personnes ayant un handicap sortent tout le temps, il y a plein d’événements organisés et de nombreux liens tissés. Le CA a ce rôle de faire savoir et de renforcer les liens avec l’extérieur. C’est indispensable !