
"Après quelques années bien remplies au service de L’Arche à Reims, j’aspirais à un changement, un renouvellement." Elisabeth Laurent et son mari Jean-François reviennent d’une année de mission de solidarité internationale dans la communauté d’Asha Niketan Asansol, au Bengale occidental : une aventure personnelle, culturelle et dans L’Arche !
Une aventure personnelle.
Un message de L’Arche internationale proposant des missions en Inde nous a mis en route. Partir, c’était faire un pari sur la vie car Jean-François avait des soucis de santé et nous laissions notre dernier fils en première année d’études. Mais le désir d’aller de l’avant l’a emporté. L’intuition que les risques encourus pesaient moins lourd dans la balance que la vie qu’on en attendait a fini de nous convaincre.
La mission consistait à apporter un soutien à Sindhu Devi, la nouvelle responsable de la communauté, dans la prise de ses fonctions. L’accent était mis sur la posture : ne pas « faire à la place de », et solliciter autant que possible les ressources locales. A l’arrivée, la situation s’est annoncée plus complexe que prévu : Sindhu Devi venait d'accoucher d’une petite fille (adorable) nommée Aditi, qui allait rester 6 mois avec nous dans les bureaux ! Tenir la posture a été un challenge. Je devais mettre de côté mon penchant - sans doute démesuré - pour l’organisation et l’efficacité, quitte à passer beaucoup de temps à garder Aditi afin de libérer Sindhu ! J’ai souvent eu du mal à comprendre ce qui se passait et faire la part des choses entre la personnalité des personnes qui m’entouraient et le contexte culturel, dont j’avais encore tant à découvrir. Autre complication, le désir de mes interlocuteurs de me faire plaisir et mon propre désir de m’intégrer et de faire plaisir !
Tous ces questionnements m’ont finalement poussée à me concentrer sur l’essentiel. « Les personnes handicapées sont-elles heureuses ? Sont-elles mieux à L’Arche qu’ailleurs ? » J’ai progressivement découvert des priorités plus de l’ordre de la survie et de la solidarité dans le groupe que chez nous. Une façon d’agir avec un rapport au temps différent et plus de place donnée à la relation.
Une aventure culturelle.
Vivre en Inde a été très intense, plein de surprises. Nous nous sommes beaucoup émerveillés devant la beauté des personnes et des coutumes. Les nombreux bras de la déesse Durga, très vénérée au Bengale, m’évoquent la surabondance de vie et la diversité des facettes de la culture indienne.
C’était stimulant de découvrir une autre manière de vivre. Tout est si différent. Dans la communauté, la vie ensemble est « très ensemble ». Il y a une grande proximité entre les assistants et les personnes en situation de handicap et cela me parle de fraternité.
La dimension spirituelle est également très présente. Matin et soir, la communauté se réunit pour un temps de prière d’une demi-heure selon le rituel hindou, la religion majoritaire. La principale richesse de la communauté d’Asansol est son jardin. De nombreux légumes y sont cultivés et aussi des manguiers, bananiers, papayers…. On peut y croiser des singes, des perroquets …et des serpents ! Il y a aussi Hariya, la vache, précieuse pour le lait. Malgré des conditions matérielles beaucoup plus précaires que chez nous, la communauté d’Asansol est joyeuse et accueillante !
Une aventure dans L’Arche.
En quittant l'Inde, mon sentiment dominant était la gratitude pour avoir vécu une amitié avec les personnes de la communauté et en particulier avec Sindhu Devi. Nous avons appris à nous faire confiance, à rire de nos différences et des difficultés rencontrées. Nous avons pris soin l’une de l’autre et avons partagé la même vision de L’Arche. Et le soir, après le travail, nous allions déguster dans la rue un Egg roll, la crêpe favorite de Sindhu, à l’oeuf et au piment. Eh, oui, il est possible de vivre L’Arche au-delà des frontières et en dehors d’une fonction ! Je n’avais plus de lien « officiel » avec L’Arche à Reims, mais toutes les nouvelles et marques d’attention envoyées par la communauté tout au long de l’année ont été très précieuses. J’ai réalisé combien il est important d’avoir des racines pour pouvoir partir. Et aujourd’hui, je me sens également appartenir à cette petite communauté de l’autre bout du monde ! Merci L’Arche !
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Note : Asha Niketan est le nom des communautés de L’Arche en Inde et signifie « Maison de l’Espoir ». La fédération de L’Arche en Inde comprend 5 communautés.