
Elisabeth, accueillie au foyer de l'Arbenn, se confie sur sa vie à L'Arche le Sénevé où elle vit depuis 25 ans.
« L’Arche, c’est s’aider. J’aime bien aider, faire plaisir. Avant je voulais faire toute seule ; j’avais besoin de l’air. Maintenant je fatigue. Des fois, je dors sur le fauteuil ; les assistants me réveillent. Ils ont raison, je dis comme eux.
À L’Arche, j’ai appris d’être heureuse. Être heureuse, c’est parler avec les autres. J’aime la parole, les contacts.
J’aime bien les assistants ; je parle avec les gens ; je m’entends avec tout le monde ; j’ai beaucoup de patience ; trop parler, c’est mon défaut ; c’est mon caractère ; j’ai envie d’être gentille, mais je fais pas attention à ce que je dis ; chacun ses limites, ses soucis. J’ai peur de gêner les autres ; je dis à ma façon ; je sais pas si c’est la vérité.
Je me vois pas vivre toute seule. Quand les autres s’énervent, ça m’inquiète ; je me sens pas à l’aise. J’ai connu la dépression, toute seule en appartement ; j’aime bien la compagnie. Sinon, je m’ennuie, je suis timide.
Je pense à Maman ; ça me fait du bien d’aller la voir ; avant c’était pas facile avec Maman ; je le faisais pas exprès. Je pense à sa mort ; j’ai peur de mourir ; je vieillis ; j’espère rester au Sénevé toute ma vie. »
Propos recueillis par Claudie Marolleau