L'Arche au temps du coronavirus / Point de situation
Depuis le 16 mars dernier, les communautés de L’Arche sont entrées, comme le reste de la France, dans un confinement inédit et incertain. Si certaines le vivent sereinement et joyeusement, d'autres en revanche ont été touchées tôt et de plein fouet par ce virus très contagieux et parfois mortel. Toutes les communautés de L'Arche en France sont derrière les communautés de Pierrefonds, Cuise et Compiègne (Le Levain) où cinq membres en situation de handicap ont succombé aux assauts du covid-19.
Une adaptation rapide au confinement
Dès l'annonce du gouvernement, il a fallu très rapidement mettre au point une nouvelle organisation. L'Arche en France a fermé ses bureaux de la rue Copreaux à Paris dès le lundi. Dans les communautés, certains salariés ont été mis en arrêt lorsqu’ils avaient garde d’enfants, d’autres sont en télétravail. Les salariés externes se sont mobilisés pour soutenir les maisonnées, soit en intervenant dans un foyer spécifique, soit en rendant des services de l’extérieur. Lorsqu’ils le pouvaient, plusieurs d'entre eux ont choisi de venir s’installer à demeure dans un foyer pour renforcer les équipes. Presque toutes les activités d’ESAT et les centres d’accueils de jour ont fermé leurs portes mais les personnels restent mobilisés pour soutenir les travailleurs handicapés externes.
Face à l’inconnu sur la durée du confinement, un certain nombre de personnes accueillies sont retournées dans leur famille. Dans plusieurs communautés, il a été possible de fermer des foyers et de regrouper personnes accueillies et assistants dans une même maisonnée pour maintenir un bon niveau de sécurité sanitaire tout en permettant une vie partagée animée.
La question de volontaires
Pendant quelques jours, un flou a persisté sur la situation des volontaires présents dans les communautés, quant à la possibilité pour eux de poursuivre leur mission de service civique. Finalement après un positionnement de l’Agence de Service Civique appelant à la solidarité, ainsi qu'une recommandation de L’Arche en France demandant de laisser aux volontaires la libre décision de repartir chez eux ou pas, les deux tiers d'entre eux ont fait le choix de rester. Nous les en remercions chaleureusement.
Une organisation stabilisée
Aujourd’hui, la vie partagée au temps du confinement est à peu près stabilisée. Dans la plupart des communautés, les membres des équipes de direction et les assistants ESAT/SAJ se sont attribués chacun un foyer à soutenir et à accompagner, en faisant notamment les courses. Les foyers sont isolés les uns des autres en « vase clos » de manière à éviter toute circulation éventuelle du virus. De l’extérieur, seules les visites pour les soins médicaux sont encore permises. Alors, pour se parler, comme partout en France, les groupes Whatsapp et les rendez-vous Zoom ou Skype se multiplient, entre membres confinésd’une même communauté ou avec les bénévoles, amis et familles qui ne peuvent plus venir.
Dans les communautés des régions de France encore peu touchées, la joie de la vie partagée est toujours de mise, et la créativité ne manque pas pour occuper les journées dans une ambiance chaleureuse, tout en respectant les gestes barrières et les consignes de sécurité.
La situation sanitaire au 10 avril 2020
La vigilance est de mise à tous les niveaux mais les contaminations par le covid-19 n’épargnent pas les membres des communautés de L’Arche, qu’ils soient assistants ou personnes accueillies. Dès qu’un soupçon de contamination apparait chez un membre, celui-ci est confiné dans sa chambre. Les personnes en situation de handicap mental, du fait des fragilités physiques souvent associées au handicap mental, font partie des populations les plus vulnérables face au virus.
Dans les communautés de la région Ouest, il n’y a pour l’instant que La Rebellerie qui est touchée dans l’un de ses foyers, mais la situation semble s'arranger. Dans la région Bourgogne-Franche-Comté/Auvergne-Rhône-Alpes, aucun cas de Covid-19 n’est à signaler. En région Méditerranée, la tension est plus palpable car des assistants confinés chez eux ont été malades. Au sein de la région Sud-Ouest, plusieurs cas symptomatiques sont surveillés de près en complément d’un cas déjà confirmé à La Merci. Comme partout ailleurs, il est est très difficile d’obtenir des tests. Quant à la région Île-de-France/Grand Est, la situation est plus problématique car ce sont les territoires les plus touchés aujourd’hui par le coronavirus. Plusieurs cas de contamination confirmés sont observés à Aigrefoin et à Reims, chez les assistants comme chez les personnes accueillies.
Les communautés de l’Oise meurtries
En revanche, la région Hauts-de-France/Normandie, paie le plus lourd tribut, et en particulier les communautés de l’Oise. C’est en effet dans l’Oise qu’a été constaté le premier « cluster » français, dès la 3e semaine de février. Le premier décès d’un Français (qui n’avait pas voyagé dans une zone à risques) a eu lieu à Crépy-en-Valois le 26 février. Si le Département a pris des mesures de confinement plusieurs jours avant le reste de la France, la forte contagiosité du covid-19 n’a malheureusement pas épargné les membres de L’Arche. Près de 60 membres ont été malades, le sont toujours ou ont eu des symptômes. Certains ont eu besoin d'être hospitalisés. Cinq personnes accueillies, de trois communautés différentes, sont décédées du fait du covid-19 entre la mi-mars et le début avril. Ces départs sèment le désarroi et la tristesse dans ces communautés sous le choc. Reste l'espoir que le pic de l’épidémie soit bientôt passé. Ces épreuves souderont sans doute d'une manière durable les communautés de l'Oise, qui font preuve d'une grande solidarité entre elles.