230 personnes étaient présentes, venues de toutes les communautés de France.
La session a débuté par un rappel historique des phases de questionnement et de construction de l’engagement à L’Arche, et par des témoignages de membres à long terme de L’Arche, dont des personnes handicapées, sur leur propre expérience de l’engagement. La première intervention de Christian a porté sur l’objet de l’engagement à L’Arche : à quoi, pour quoi ou pour qui s’engage-t-on ?
Christian nous a rappelé que le coeur de l’engagement à L’Arche est la RELATION, la rencontre entre deux personnes prises dans leur intégralité. L’Arche n’est pas un lieu de « Charité-lumbago » mais l’engagement réciproque dans une relation d’alliance. Chacun dans cette relation est saisi par une expérience qui va le transformer intérieurement. Un engagement donc sur fond d’expérience qui convoque chacun, dans sa liberté, à une nécessité intérieure !
Christian nous a ensuite invités à considérer l’engagement à L’Arche comme un sentiment qui se construit avec le temps, en vivant l’expérience de la relation, et non pas comme une parole donnée a priori. Christian nous a rappelé ainsi que dans la relation l’important c’est ce que chacun reçoit, et que c’est seulement ayant reçu, que nous pouvons à notre tour partager sur ce que nous avons reçu. Ce don initial et ce partage donnent de la vie. Nous avons enfin abordé l’engagement politique de L’Arche (passant de la dimension personnelle de l’engagement à la dimension collective).
Par leur existence même, les communautés de L’Arche interviennent dans le champ politique. En effet, un des fondements de la politique est l’utopie. Cette utopie à L’Arche est fondée sur l’intuition centrale du Mystère Pascal : la vie renaît à l’endroit où elle a été empêchée. Des fragilités de chacun, engagé dans une relation réciproque, nait la vie. La communauté a aussi une dimension prophétique : elle dit quelque chose de l’homme, de tout l’homme, de tout homme !
Ce qui nous a habité tout au long de ces deux jours, c’est cette question centrale : qu’est-ce qui détermine notre humanité ? La personne avec un handicap conteste que l’homme se réduise à ses capacités intellectuelles. L’Arche est une contestation d e la représentation de l’Homme que l’on se fait, que la société actuelle impose. L’Arche atteste d’une humanité autre, qui ne dépend pas des capacités intellectuelles ni de l’apparence, mais qui repose sur la relation, sur notre capacité à chacun à recevoir, à donner, à partager. Et qu’en est-il de l’engagement ? La relation me fait découvrir un monde (celui de nos communautés) où le centre de gravité n’est pas là où on pense. En effet, le coeur même de la communauté est libre, c’est un espace que nous devons laisser vide pour que la rencontre et la relation soient possibles, c’est le vide d’une présence autre. Il faut du manque en nous pour que la présence habite en nous. N’est-ce pas le coeur de l’engagement ?
*Le père Christian Salenson est théologien et directeur de l’Institut des Sciences et de Théologie des religions (ISTR) à Marseille