Il était une fois un professeur spécialisé qui se prénommait François. Ce dernier travaillait dans une maison d’arrêt, à Corbas. Son désir : permettre aux personnes incarcérées de rencontrer, dans le cadre d’une sortie, d’autres personnes en situation de fragilité… Il entendit parler de L’Arche, prit contact et le projet devint réalité. Pour la seconde année consécutive, un certain 9 mai, une randonnée fut organisée le temps d’une journée ensoleillée.
Les montagnes du Bugey offrirent leurs sentiers et deux ânes têtus se joignirent à l’équipage : 6 femmes détenues entre 20 et 60 ans et ayant fait preuve de bonne conduite, le professeur instigateur, leurs accompagnants, et 6 personnes accueillies de L’Arche, accompagnées également d’autres membres de L’Arche : deux responsables de foyer et une personne du CAJ.
Une belle journée pour cheminer ensemble, pique-niquer dans la nature, respirer... et rire et échanger avec simplicité. Les personnes avec un handicap font tomber tous les murs et la limpidité des échanges se fraient bien vite un chemin, très directs. « Mais en fait, tu es en prison toi ? Mais faut arrêter ces bêtises. Moi quand je fais des bêtises en foyer, on me dit que c’est pas bien. Faut que t’arrête hein ? » dit Mehdi déclenchant les fous rires. Ou bien « Toi t’as la télé et le frigo dans ta chambre ? C’est super ! ».
Les rencontres se font spontanément et les échanges vont bon train, sans jugement. Les petites attentions aux autres éclosent de part et d’autre « Attention, mets bien ta casquette », « n’oublie pas de boire »… et avec le partage des bonbons et des biscuits à la fin de la ballade, c’est la fête, et une douce saveur de liberté que remporteront avec elles ces femmes.
« Ce que j’ai trouvé fabuleux, c’est qu’en tant qu’accompagnateurs, on avait plus de préjugés que les personnes accueillies*, on ne savait pas trop quelles questions poser, alors que les personnes accueillies sont sans jugement, du coup elles sont tout de suite dans la relation », raconte Alice, responsable d’un foyer à L’Arche.
Y aura-t-il une suite à cette escapade en montagne ? Une correspondance et une visite dans la maison d’arrêt sont prévues. Et le cher professeur et la communauté de L’Arche à Lyon sont partants pour renouveler l’expérience l’an prochain si les autorités concernées donnent leur accord.
Il ne s’agit pas ici d’un conte de fées, mais de quelque chose d’infiniment plus précieux : un partage tout simple, le temps d’une journée, avec ce petit plus d’humanité.
*une personne accueillie : c’est ainsi que nous appelons les personnes avec un handicap mental vivant dans un foyer de L’Arche