Déjà un mois et demi de confinement. Alors que le "temps d'avant" semble bien loin, les premières mesures de déconfinement se préparent. Les communautés de L'Arche en France sont de plus en plus nombreuses à fabriquer des masques en tissu et des blouses de protection pour parer à tout manque éventuel, tandis que les visites des familles sont de nouveau autorisées depuis le 20 avril (sous certaines conditions).
L'approvisionnement en masques occupe les esprits et les médias depuis le début de la pandémie de covid-19. À quel moment faut-il en porter, dans quelles conditions, par qui et pour qui, pendant combien de temps avant d'en changer... autant de questions que les communautés se sont posées depuis le début du confinement pour protéger leurs membres les plus fragiles, tout en respectant les consignes des agences régionales de santé, des départements et du ministère de la Santé et des Solidarités, qui peuvent varier d'un territoire à un autre en fonction de l'état de diffusion du virus.
Au début, beaucoup de communautés disposaient des masques en réserve, en plus ou moins grande quantité. L'ESAT de l'Oise, qui a dû fermer ses portes le 17 mars, possédait un stock important qu'il a pu distribuer aux communautés de l'Oise, département qui a été le premier gros "cluster" du coronavirus en France. À Reims, grâce à l'erreur d'une commande ancienne d'un assistant, la communauté a disposé d'un nombre suffisant de masques pour tenir jusqu'à la première distribution du conseil départemental, le 27 mars. Aujourd'hui, les masques chirurgicaux et les masques FFP2 parviennent dans les communautés par diverses voies : départements, ARS, mais aussi partenaires, amis, médecins référents... Grâce à leurs réseaux, les communautés sont soutenues dans la mesure des possibilités de chacun.
Les machines à coudre ont la cote
Malgré tout, de plus en plus de communautés se sont lancées dans la confection de masques en tissu, dès le début du confinement pour certaines, comme à Écorchebeuf (près de Dieppe), ou à Aigrefoin en région parisienne. Une manière de répondre à un besointout en s'emparant de la contrainte du confinement par l'amusement. Partout, des chutes de tissus variées et colorées pour l'extérieur et des morceaux de polaires ou d'autres matières filtrantes pour l'intérieur sont minitieusement préparés, avant de démarrer le ronronnement des machine à coudre des centres d'activités de jour qui ont dû fermer mi-mars. Quelques bénévoles - qui ne peuvent plus venir en communauté - utilisent aussi leurs talents en envoyant des masques fait-maison. Et ça marche ! Difficile à accepter au début pour certaines personnes, le port du masque devient de plus en plus facile. Certaines communautés, comme à Lille, en cousent aussi pour les donner à l'extérieur.
Il n'y a pas que les masques. À L'Arche à Dijon, on s'est mis aussi à fabriquer des visières en plastique. À L'Arche Les Sapins, on utilise des grands sacs poubelle de 240 litres pour confectionner des surblouses.
Si l'énergie créatrice des membres de L'Arche bat son plein dans la joie, la vigilance reste présente pour les semaines à venir. Y aura-t-il assez de matériels de protection pour vivre le déconfinement en toute sécurité, alors que beaucoup d'inconnues demeurent sur ce virus inédit et sa propagation ?
Photo © Domitille Rousseau - L'Arche L'Horizon