Du 10 au 12 mai 2017, le championnat de France d'équitation adaptée au handicap mental se tiendra en Seine-Saint-Denis. Quatre membres de la communauté L'Arche L'Olivier ont été qualifiés pour y concourir. De l'équithérapie au championnat de France, Valérie Nicolas, équithérapeute à L'Arche, nous raconte cette aventure.
Comment êtes-vous arrivée à L'Arche en tant qu'équithérapeute ?
Valérie Nicolas : Je suis arrivée à l'Olivier il y a 23 ans ; d'abord en tant que bénévole, puis en tant que salariée lorsqu'a été créé le poste d'équithérapeute. Nous avons lancé à cette époque l’activité d'équitation en intramuros pour les personnes accueillies. Il a fallu fabriquer une petite carrière (un lieu clos en plein-air où se pratique l'équitation - NDLR) avec des prés à proximité afin d'être autonomes. L'équitation est ainsi devenue l'activité historique de la communauté.
Qui sont vos cavaliers en compétition au championnat de France.
VN : Julien, Blandine, Anne-Laëtitia et Frédéric sont cavaliers depuis que l’activité a démarré en 1998. Je les accompagne et les forme dans le cadre du service d'accueil de jour (SAJ) "Talents partagés" mis en place par la communauté. L'équitation y est une activité parmi d'autres. Ce sont de véritables cavaliers dans la mesure où ils montent seuls et en autonomie depuis un grand nombre d'années. Outre la séance hebdomadaire, ils ont participé à des concours, dont le championnat de Bretagne qui leur a obtenu une qualification pour le championnat de France. À ce niveau, je ne parle plus d’équithérapie. Julien se confiait à moi dernièrement : "Au début, j'avais peur, je paniquais, je n'avais pas beaucoup de réflexes. Maintenant, je vais au championnat !"
À ce niveau, je ne parle plus d’équithérapie.
Quelles relations les cavaliers de L’Olivier entretiennent avec les chevaux ?
VN : Le handicap mental ne fait pas obstacle au développement d’une relation avec les animaux, au contraire. Anne-Laëtitia tombe fréquemment amoureuse de certains chevaux. Blandine a, quant à elle, beaucoup de poigne. Elle est à l'aise avec des chevaux qui ont du caractère. Julien et Fred sont plutôt zen. Ils ont un vrai don pour apaiser leur monture.
Quelles sont les spécificités de l'équitation adaptée au handicap ?
VN : Hormis quelques balises et aides visuelles en plus, le principe reste le même que l'équitation classique. Les cavaliers doivent exécuter un parcours devant un jury. Bien sûr, les accompagnants ne sont jamais très loin, mais il faut tâcher de ne pas trop aider les cavaliers car cela pèse sur la note qu’ils obtiendront.
Lors des concours, je suis toujours avec eux sur la carrière. Ils ont besoin d’une présence qui les rassurent. Comme nous ne pourrons pas transporter nos chevaux jusqu’en Seine-Saint-Denis, les cavaliers devront monter des bêtes qu’ils ne connaissent pas, ce qui accroit la difficulté. Un visage ami souriant et détendu dans leur champ de vision sera déterminant pour leur donner confiance le jour J.
Dans quel état d’esprit sont les cavaliers à l’approche du grand jour ?
VN : Ils ont hâte ! Il leur reste quelques jours pour s’entraîner mais ils ne seront pas là que pour la compétition. L’hôtel est réservé, tout comme les places pour le dîner de gala et la soirée qui se tiendront à l’issue du championnat.
Propos recueillis par Tristan de Lagasnerie
Plus d’informations sur la compétition :
Du 10 au 12 mai, le Centre équestre départemental Georges Valbon La Courneuve, situé en Seine-Saint-Denis (93), accueille pour la 4ème année le Championnat de France d’Équitation Sport Adapté dédié aux cavaliers en situation de handicap mental ou psychique.
Quelques chiffres clés:
500 personnes dont :
- 225 cavaliers,
- 140 éducateurs spécialisés 130 bénévoles
- 42 titres de champions de France décernés.
L’édition 2017 est organisée conjointement par le Comité départemental, la Ligue du Sport Adapté d’Ile-de-France et l’UCPA, soutenus par le Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis.
Six disciplines sont organisées par catégories d’âge :
- le dressage
- le saut d’obstacles
- le cross
- l’attelage l’équifun
- le pony games.
Ces épreuves sont ouvertes à trois divisions sportives réparties en fonction de l’autonomie des cavaliers
Le sport adapté permet d’offrir à toute personne handicapée mentale ou psychique, quels que soient ses désirs, ses capacités et ses besoins, la possibilité de pratiquer la discipline de son choix. La Ligue du Sport Adapté IDF et l’UCPA se réfèrent à la Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées qui identifie trois typologies de public :
1. Les personnes handicapées mentales
2. Les personnes atteintes de troubles psychiques ou relevant du champ de la maladie mentale et/ou ayant des troubles de la personnalité.
3. Les personnes présentant des troubles de l’adaptation
Pour la Fédération Française du Sport Adapté (FFSA), faire vivre son corps au travers d’activités physiques est pour ses pratiquants une expérience essentielle à leur épanouissement et à leur ouverture au monde. La situation de handicap mental ou psychique n’occulte pas la capacité d’agir et d’être de ceux qui sont trop souvent considérés « incapables de...».