Lundi 25 février 2019, à l'initiative du Cercle Vulnérabilités & Société et de L'Arche à Paris, une centaine de personnes s'est réunie au Village Saint-Michel (XVe arrondissement) pour un débat organisé dans le cadre du Grand Débat National. Objectif : permettre aux personnes en situation de handicap mental de participer, comme tous les citoyens, à la réflexion collective. Pleine d'énergie et d'échanges, la soirée a permis de faire émerger quelques idées qui seront déposées sur le site web du Grand Débat.
« On est handicapés, mais on a droit à la parole comme tout le monde ! », résume Samuel Bénard, qui vit dans un des foyers parisiens de L'Arche. Un sentiment partagé par les quelques dizaines de personnes ayant une déficience intellectuelle présentes à ce débat pas comme les autres. Présentes également, des personnes âgées de l'EHPAD voisin, des jeunes volontaires du Service civique, des salariés de L'Arche à Paris, et des amis et familles, motivés par cet exercice inédit.
« Par leur expérience de la fragilité, ces personnes portent une expertise de la relation, elles sont précieuses pour le Grand Débat parce qu’elles savent donner des paradoxes, allier des contraires… » explique Anne Chabert, responsable de l’inclusion à L’Arche internationale. Et, souvent, apporter des idées auxquelles personne n'avait pensé.
Le débat porte sur l’écologie et la citoyenneté, deux notions qui dépassent le champ du handicap. « On a un projet commun, une vision commune à défendre qui ne dépend pas de notre handicap. » affirme un participant. Une conviction partagée par le Cercle Vulnérabilités & Société, co-organisateur du débat. Créé en janvier 2018, ce think & do tank rassemble des acteurs économiques et associatifs autour de l’ambition suivante : « définir les conditions pour que la vulnérabilité devienne un vrai levier de développement économique et social ». Un mouvement auquel L’Arche s’est jointe, forte de 55 d’expérience de vie partagée auprès des personnes ayant un handicap mental.
L'organistion de la soirée a été pensée de manière à permettre à tout le monde de comprendre et de participer au mieux au débat. Après un temps d'introduction générale, les participants se séparent en petits groupes à l’invitation de leur animateurs. Images, photos et pictogrammes servent de support à à la mémorisation et la formulation des questions et propositions. « Avec les personnes en situation de handicap, pour entrer dans le sujet, il faut présenter de manière accessible et pas avec des grandes grilles de questions. » souligne Anne Chabert. Et ça marche ! Au bout d’une heure, chaque groupe retient deux propositions parmi celles exprimées et s’apprête à les présenter à l’ensemble des participants.
La restitution en plénière est effervescente, joyeuse et bien rythmée. Chaque rapporteur, handicapé ou non, respecte le temps imparti. Parmi les idées, on suggère de fabriquer des avions électriques, d'installer un système de consigne pour les bouteilles, de faire plus de réunions de quartier, de pouvoir voter contre lors des élections, et pas seulement voter pour… Les présentations se succèdent, elles aussi avec des pictogrammes ou images associés.
D’ores et déjà, cette initiative est ressentie comme un succès : « on a tous été acteurs », « c’était important qu’on soit là tous ensemble », « on s’est donné de l’amour, les gens devraient prendre exemple sur nous ». Quel que soit le devenir des propositions, la soirée elle-même a été perçue comme un moment important d'expression de la citoyenneté de personnes rarement écoutées. D'autres débats de ce type devraient être réorganisés, au-delà même du Grand Débat National.
Crédits photos : Élodie Perriot et L'Arche en France