Doit-on se ressembler pour pouvoir vivre ensemble ? Différences de croyance, de place, de motivation, d'âge. L'unité est quelque chose de précieux. C'est précieux parce que c'est rare. C'est rare parce que c'est difficile. L'unité ce sont des différences tissées ensemble. Stephan Posner, Responsable de L'Arche Internationale livre le mystère de la vie ensemble, à L'Arche, rendue possible par la présence des personnes qui ont un handicap mental.
On a besoin d'être rappelé à l'unité... Vous savez l'unité intuitivement on devine que c'est quelque chose de précieux mais c'est précieux parce que c'est rare et c'est rare parce que c'est difficile. Parce que l'unité ce sont des différences tissées ensemble. La responsable régionale de la région Rhône Alpes dans laquelle se trouve Lyon qui est Laurence, a l'habitude de dire : "Je suis catholique, mon mari est musulman, ma responsable de communauté est protestante, et mon parton, à l'époque où j'étais responsable de L'Arche en France, en juif. Différence de croyance, différence de motivation pour venir à L'Arche, différence de place dans la communauté, d'âge, de génération... Le handicap c'est être très différent.
Christian de Chergé a écrit cette très belle phrase au sujet de l’unité : « la joie secrète de l’esprit sera toujours d’établir la communion, et de rétablir la ressemblance, en jouant avec les différences. » Est-ce que ce n’est pas un peu de notre expérience ? Cette expérience de relation, d’une relation qui nous transforme... Parce que quand j’ai rencontré Jacques ou Jean-Claude dans ma communauté, dans le fond je ne savais plus ce qui était premier de la ressemblance ou de la différence. Qu’est-ce qui fait que vous restez encore ici aujourd’hui ? Le plus souvent ce qui est rapporté c’est une histoire de rencontre. Et c’est quelque chose d’aussi simple que quelqu’un qui vous met la main sur l’épaule ; quelque chose d’aussi simple que quelqu’un qui vous reçoit le matin et qui dit « je suis content que tu sois là» et ça, ça nous bouleverse. Et ça, ça nous transforme. Comment ça se fait que le petit peut contenir du plus grand.
Un des dons que nous reconnaissons aux personnes qui ont l’expérience de vivre avec un handicap, c’est-à-dire une expérience très particulière non seulement de la limitation humaine mais aussi de la brisure, de l’irréparable, un des dons que nous leur reconnaissons, c’est de nous prendre par la main pour nous aider à résorber notre propre trouble face à nos propres limitations et ce qu’il peut y avoir de lignes brisées ou de discontinu dans nos propres existences, substituer une paix à un trouble, et nous conduire vers quelque chose que, faute de mieux, on peut appeler unité. Trouver l’unité en soi, avec nos limitations, avec ce qu’il y a de brisé, de fragile, de manques, de finitude. Et être des hommes et des femmes debout.
Stephan Posner, responsable de L'Arche Internationale